Zoom sur Islay et ses 8 distilleries

L’influence du Gulf Stream entraîne sur l’île un climat plus doux que dans l’Écosse continentale. Il neige rarement et les gelées sont légères et éphémères. Il n’est donc pas rare de voir des plantes exotiques pousser dans les jardins au cours des saisons chaudes. Cependant, les vents violents d’hiver qui balaient l’Atlantique soufflent parfois sur l’île, rendant l’hiver difficile et retardant fréquemment le ferry et les liaisons aériennes vers le reste de l’Écosse. Le climat tend à devenir plus agréable autour de Pâques, un état qui se prolonge jusqu’en septembre. Islay figure au rang des îles du territoire les plus exposées aux vents et tempêtes. Balayée par les embruns marins, elle est recouverte sur un quart de sa superficie de tourbières et possède aussi des terres fertiles propices à la culture de l’orge. Afin de s’adapter aux conditions climatiques et géologiques, les distilleries sèchent depuis toujours leur malt au moyen de la fameuse tourbe disponible en grande quantité sur l’île. Les malts produits sur cette île sont à ceux jour les whiskies les plus fumés, terreux et iodés d’Ecosse. Aussi la distillerie Bruichladdich produit un whisky appelé « Octomore » qui est considéré jusqu’à ce jour, comme le whisky le plus tourbé du monde. L’activité principale de l’île consiste en la production de whisky de malt réputée pour son goût prononcé de tourbe.

Les 8 distilleries existantes de l’île sont : Bowmore, Bruichladdich, Lagavulin, Ardberg, Caol Ila, Laphroaig, Kilchoman et Bunnahabhain. 

Bowmore

Bowmore est la première distillerie d’Islay et l’une des plus anciennes de toute l’Ecosse depuis 1779. Les méthodes de production de Bowmore sont marquées par l’utilisation de sa propre orge sur aire et l’utilisation de l’eau du fleuve, riches en notes tourbées. Cette même tourbe chauffe le four de séchage du malt avant brassage. Le liquide est ensuite élevé dans des fûts de chêne ayant servi à la maturation de Porto, de Xérès ou de vin de Bordeaux. A ce titre, Bowmore est l’une des premières distilleries à promouvoir ce procédé, le bois neuf étant trop astringent. Entreposés dans des chais situés en dessous du niveau de la mer, les fûts vieillissent au contact des embruns.

Bruichladdich

Bruichladdich, fondée en 1881, interrompt sa production au milieu des années 1990. Le whisky n’a plus la cote et le sort de nombreux producteurs semble scellé. Mais en 2000, Mark Reynier, un Anglais de 47 ans, décide de s’installer sur l’île et rachète Bruichladdich. Passionné de vins et de spiritueux, ce négociant réalise un vieux rêve : devenir producteur. Mark Reynier met fin à l’élaboration des « Blended Whiskies » – assemblages bon marché composés de whiskies de mais ou de blé – et mise sur la qualité. Aujourd’hui, Bruichladdich produit exclusivement des « Single Malts » et malte lui-même son orge. Au cours des dernières années, le Bruichladdich a gagné ses lettres de noblesse. Son arôme et sa couleur sont uniques. Mais Mark Reynier n’entend pas en rester là : avec Jim McEwan, maître distillateur de génie, il veut produire le whisky le plus fort du monde : lors de la mise en cave, après quatre distillations, sa teneur en alcool atteint 88 %. Et ce produit porte déjà un nom : Octomore – celui d’une ancienne distillerie d’Islay ayant fermé ses portes peu de temps après sa création.

Lagavulin

Lagavulin a été fondée en 1816, la distillerie appartient aujourd’hui au groupe Diageo. Fondée sur le site d’anciennes distilleries illicites dont on retrouve la trace dès 1742, Lagavulin a connu plusieurs agrandissements successifs. Elle possède 2 wash stills et 2 spirit stills. Sa production est d’environ 1,7 million de litres d’alcool par an. Lagavulin produit un whisky caractérisé par la puissance des arômes de tourbe et de fumée, mais cependant moins monolithique que ceux produits par ses voisines de la côte est, du fait d’un vieillissement en fûts de Sherry. Cette opération traditionnelle apparaît au nez par des arômes rappelant la noix, puis en bouche par une très légère sensation d’acidité, apparentée à celle que l’on trouve dans les spiritueux issus de raisins comme l’Armagnac. Cela en fait un whisky équilibré et puissant, très intéressant à boire en fin de repas, mais à réserver aux inconditionnels en apéritif. En effet, les arômes intenses de tourbe et de fumée peuvent surprendre, voire être désagréables à un palais non averti.

Ardberg

Ardberg est l’une des trois « Kildalton distilleries » avec Lagavulin et Laphroaig, ces dernières étant proches de la Kildalton cross. Cette zone de l’ile était à l’époque le repaire préféré des distillateurs clandestins. Elle produit un malt très tourbé et marin, cette dernière étant à fleur de falaise face à l’Atlantique. Son eau provient du Loch Uigeadail situé à 3 miles de la distillerie. Le malt utilisé est acheté directement à la malterie de Port Ellen. Il est de la race Optic barley malt. La distillerie possède 1 cuve de brassage, 6 cuves de fermentation en bois, 1 wash still et 1 spirit still pour une capacité de production de 950.000 litres d’alcool pur par an.

Caol Ila

Caol Ila a été fondée en 1846 et appartient aujourd’hui à l’entreprise Diageo. Ses alambics se composent de 3 wash stills et 3 spirit stills. Sa production est de 3,6 millions de litres d’alcool par an. Elle produit un Single Malt très renommé vendu en nom propre et par des embouteilleurs indépendants et qui mettent en valeur ce Single Malt au goût iodé, fumé et tourbé.

Laphroaig

Laphroaig vient du gaélique Lag a’mhor aig qui signifie « la grotte de la baie ». Parmi les Single Malts que l’on peut trouver facilement dans la grande distribution, le Laphroaig est sans aucun doute celui qui peut le moins laisser indifférent. C’est un whisky très particulier, à l’arôme très puissant de fumée, de tourbe et d’algues pouvant dérouter les buveurs non avertis, mais qui en fait l’intérêt pour ses amateurs. On peut rendre plus nette encore la sensation de fumée en ajoutant un peu d’eau. Cette personnalité très marquée, exclusive de certains whiskys d’Islay, se retrouve aussi bien dans l’embouteillage courant actuel (10 ans, 40°) que dans les embouteillages brut de fût (exemple du 10 ans, 55,7°), avec toutefois quelques différences au niveau de l’équilibre et de l’harmonie générale. Les adjectifs comme « médicinal » ou « phénolique » sont souvent utilisés dans les descriptions organoleptiques.

Kilchoman

Kilchoman est la première nouvelle unité de production à être construite sur l’île depuis 124 ans. Plus d’un tiers de l’orge utilisé pour la fabrication du whisky est cultivé par la ferme et malté à la distillerie. Le reste provient de la malterie de Port Ellen. Le premier tonneau de whisky a été rempli le 15 décembre 2005, et sera mis en bouteille en 2008 (l’âge minimum légal pour avoir l’appellation scotch est de 3 ans). Kilchoman a mis en bouteille chaque année depuis la première distillation leur new spirit afin de lancer leur produit et de faire découvrir toute l’évolution de leur alcool depuis la distillation jusqu’à la mise en bouteille du whisky.

Bunnahabhain

L’histoire de Bunnahabhain est plutôt calme et la plus grande partie des anecdotes sont sur les reventes de la distillerie. Propriété de Highland Distillers, la distillerie fut rachetée, en même temps que le son groupe, par Edrington en 1999. La marque décida cependant de se concentrer sur ses distilleries les plus intéressantes, Macallan et Laphroaig, et revendit au groupe sud africain Distell, plus particulièrement à sa filiale Burn Stewart, propriétaire de Tobermory et plusieurs marques de blends. Cette nouvelle fut accueillie avec ferveur par une partie de la communauté n’estimant pas forcément le travail qu’avait effectué le groupe chez Macallan et Laphroaig comme un bien. Mais leur slogan qui devint « The Spirit of Black Bottle », n’était pas non plus pour rassurer les amateurs de Single Malt qui trouvaient aberrant de communiquer uniquement le fait qu’ils puissent être « seulement » la base d’un blend. Elle est la voisine de Caol Ila et possède la plus grande capacité de production de l’île. Elle dit produire un malt non tourbé, bien que quelques traces de tourbe soient présentes, moins de 3ppm dans l’orge. Elle possède 2 wash stills de 30.000 litres chacun et 2 spirit stills de 15.000 litres chacun.

Des petits éclairages culinaires : 

Les whiskies d’Islay offrent des whiskies qui permettent des accords réussis sur les fruits de mer, le saumon fumé, le jambon cru, la tapenade noire, le roquefort ou le chocolat noir.